samedi 21 novembre 2020

Le Haut Karabakh, victime collatérale de la réal politique


Cette région que l’on pense lointaine est en réalité très proche de nous, de notre culture de nos valeurs. Cela n’a pas suffit à faire bouger les états européens et ce conflit a permis à  Poutine et Erdogan d’affirmer un peu plus si besoin était leurs place incontournable dans cette partie du monde.


À peine sorti d’ Erevan, nous croisons une file de voitures venant du haut Karabakh par la route du nord, la seule encore ouverte, celle qui passe par la région du Karbadjar, province bientôt rendue à l’Azerbaidjan dans l’accord de cessez le feu signé le 10 novembre par la Russie, l’Azerbaidjan et l’Arménie.

 Énormément d’arméniens vivant dans cette région, dès la signature de cet accord ont vidé leurs maisons, enfin ,ce qu’ils pouvaient emmener dans leur voiture et sont venu se réfugier en Arménie. 

Vardenis, la dernière ville d’Arménie avant le Karbadjar est traversée par un flot ininterrompue de véhicules chargés jusqu’au toit. A peine sorti de la ville un premier barrage tenu par des militaires et des policiers contrôlent les véhicules qui entrent en Arménie mais, très peu, ceux qui en sortent. Une certaine confusion règne depuis quelques jours et nous en profitons pour passer sans encombre car nous ne possédons ni d’accréditation ni autorisation pour nous rendre dans le Haut Karabakh. Les journalistes ayant été évacués quelques jours plus tôt, les autorités ne sont visiblement pas pressées de voir revenir la presse au milieux de cette confusion générale, sachant que plus au sud, les 2000 russes se déploient depuis Goris et le corridor de Latchine pour sécuriser la région et s’interposer en force de paix si nécessaire.

La route en piteux état serpente et s’élève progressivement jusqu’à un col où se trouve une mine d’or toujours en fonctionnement. Nous continuons de croiser des voitures chargées de meubles et chaises sur la galerie mais aussi des véhicules militaires qui rentrent en Arménie. Beaucoup de ces véhicules sont endommagés et sont remorqués, l’état des route mais aussi plus de 6 semaines  de guerre en sont certainement la cause.

Nous pénétrons dans le Karbadjar, chose qui ne sera bientôt plus possible pour les arméniens et nous arrivons au monastère de Dadivank. Ce monastère est plus qu’un lieu historique pour les arméniens, c’est un lieu sacré et nombreux sont les civils et militaires  venus pour se recueillir une dernière fois.

Un militaire fait un selfie devant l’entrée de l’église, une femme pleure toutes les larmes de son corps sur l’autel de la chapelle, d’autres plus silencieux allument des bougies en famille en laissant couler une larme. Tous sont tristes et une atmosphère lourde plane sur le lieu, comme si les gens n’arrivaient pas à se résoudre d’abandonner une partie de leur histoire, persuadés que les Azéris vont démolir ce joyau?

Nous poursuivons notre route sur les 170 kilomètres restant jusqu’à Stepanakert sans rencontrer d’autres barrages ou check point. Les combats ont cessé, et les militaires que nous croisons préparent  leur démobilisation, certains marchent sur le bord de la route, d’autre s’affairent à réparer leur camion en panne . Il règne une étrange atmosphère, un peu comme si le temps s’était arrêté.Les arméniens que nous rencontrons semblent KO debout.

Nous arrivons à Stepanakert de nuit, la pluie et le brouillard tant attendu par les combattant arméniens ces derniers jours pour échapper aux drone est enfin arrivé, mais une semaine trop tard.

Stepanakert est une ville fantôme, on peut y voir les traces des nombreux bombardements des dernières semaines avec des voitures retournées, des vitrines brisées, des tubes de bombes à sous munitions plantées dans le bitume. Un seul hôtel est resté ouvert, et il est dans un piteux état, quasiment toutes les boutiques sont fermées et il est extrêmement rare de croiser des gens dans la rue. La ville a été vidée de ses habitant mais aussi de son âme. On y ressent l’abandon. L’abandon des maisons et des commerces par ses habitants, mais aussi l’abandon de la communauté internationale pour cette population.

Un détour par l’hôpital nous fait prendre conscience de l’atrocité de cette guerre avec la  maternité détruite par un pilonnage en règle. Comment pont on appeler celà lorsqu’une des partie vise délibérément des hôpitaux, pire encore une maternité, des églises, comme à Chouchi, utilise des armes illégales comme les bombes à sous munitions qu’elle déverse en nombre sur les populations civiles. Qu’elle utilise  des bombes au phosphore qui non seulement tuent des hommes avec une cruauté extrême puisque le phosphore en plus de bruler agit dans un second temps comme un poison provocant des morts subites plusieurs semaine après. Comment peut-on nommer un état qui bombarde des écoles comme à Martuni ou qui embauche des mercenaires djihadiste se filmant en train de décapiter des prisonniers?

Nous sommes les témoins de ces atrocités et la population du Haut Karabakh en a subit les conséquences. Aujourd’hui cette population a quitté les lieux et s’est réfugiée en Arménie abandonnant tout derrière elle. Les militaires sont écœurés, ceux que j’ai rencontré me demande toujours pourquoi l’occident n’est pas venu à leur aide, pourquoi en face d’eux il y avait des mercenaires syriens que l’occident à combattu, pourquoi l’Europe n’a pas pris conscience ,que ,ce que les arméniens du Haut Karabakh ont vécu, risque un jour d’arriver chez eux, enfin chez nous?

L’abattement et l’incompréhension est général. Les combattants me disent que s’il avaient du combattre uniquement l’Azerbaidjan, ils en seraient sorti vainqueur comme les dernières fois en 1991 et 2014. pourquoi l’Europe n’a pas compris la menace que fait peser la Turquie d’Erdogan sur elle? Un des combattant poursuit en me disant :  « pensez vous que quelqu’un qui utilise des tels moyens et de telles armes va s’arrêter là? Nous devons notre salut certainement à la Russie qui joue là une partie d’échec géopolitique mais pour vous, qui viendra vous sauver? »

Nous poursuivons notre chemin  en nous dirigeant vers Chouchi situé à 15 km de Stepanakert.

 3 km avant d’arriver à Chouchi, un barrage de police nous bloque car, les russes n’étant pas encore arrivés, il serait suicidaire d’aller plus loin, en effet des snipper azéris sont postés et peuvent tirer sur quiconque essaierait de s’approcher de leur conquête stratégique et hautement symbolique, du moins tant que la force d’interposition ne sera en place. 

Ce statuquo durera t-il? Nul ne peut le savoir tant la haine de l’autre anime les deux partie. Une chose est cependant certaine, l’accord actuel ne devrait pas durer dans le temps ,car, avoir pour l’Azerbaidjan un territoire occupé par des arméniens et pour l’Arménie un corridor qui traverse son pays et assure la liaison entre la Turquie et l’Azerbaïdjan est une hérésie intolérable.


Chars azeris neutralisés à Martuni
Appartement éventré par un missile à Mardakert
restes d'un drone turc abattu dans la région de Martuni
Bombe à sous munition plantée dans la rue à Shoushi
Marché couvert de Shoushi
Maison détruite à Stepanakert
Check point tenu par les russes à la sortie de Stepanakert
Force de la paix russe
Un couple de commerçants qui revient à Stepanakert pour ouvrir leur boutique
Dégats causés par les bombes à sous munitions dont on voit encore le ruban rose caractéristique
Dégats causés sur une voiture qui a reçu une sous munition largué par les bombes à sous munitions
Une école maternelle de Martuni qui a été bombardé
Une école maternelle de Martuni qui a été bombardé
l'exode des arméniens de la région du Kalbadjar
une école bombardée à Stepanakert
un garage bombardé à Stepanakert
Un musicien joue dans la cathédrale de Shoushi qui a été bombardé
des chevaux en liberté à Goris
un jeune réfugié à Goris
certains réfugiés rentrent chez eux à Stepanakert
certains réfugiés rentrent chez eux à Stepanakert
une croix faite avec le métal de balles fondues
un habitant de Shoushi dans son abris avant d'en être chassé par les azéris
un abris anti bombe sous un immeuble de Stepanakert
les restes visibles de la terrible bataille de Shoushi
les restes visibles de la terrible bataille de Shoushi
les habitants du Kalbadjar partent en enmportant tuiles et charpente de leur maison quand ils ne la brûlent pas
Le Père Hovhannès Hovhannisyan qui reste au monastère de Dadivank réconforte une fidèle
Le Père Hovhannès Hovhannisyan qui reste au monastère de DadivankLe Père Hovhannès Hovhannisyan qui reste au monastère de Dadivank
Check point russe
le champ de bataille à Martuni
Maternelle bombardée à Martuni
le champ de bataille à Martuni, ici des corps de soldats azérischamp de bataille à Martuni, ici des corps de soldats azéris
Stepanakert
La population d'Erevan prend possession du parlement pour protester à l'annonce de la capitulation arménienne
La population d'Erevan prend possession du parlement pour protester à l'annonce de la capitulation arménienne
un habitant de Goris
Le Père Hovhannès Hovhannisyan qui reste au monastère de Dadivank
un soldat déblait un appartement ravagé par un bombardement à Martuni
une bombe à sous munition plantée dans la route vers Mardakert
les arméniens viennent se recueillir une dernière fois au monastère de Dadivank


1 commentaire:

  1. Svp envoyez les preuves des crimes guerre, tortures, etc pour les faire juger :

    Publication sur la page FaceBook de
    Comité de jumelage Corse-Arménie

    Les images Azeri de crimes de guerre, de cadavres, d'humiliation, de mutilations envers les arméniens se multiplient sur les réseaux sociaux et les plates-formes de streaming.
    Notre service des affaires judiciaires et juridiques s'est donné pour mission d'accumuler les preuves de l'horreur pour l'ouverture de procédures internationales, au côté d'autres organisations de défense Arméniennes.
    Et également pour demander le retrait, pur et simple de cette propagande barbare du Web.
    Faisons condamner L'Azerbaïdjan pour l'usage des bombes à phosphore, pour les décapitations de soldats, pour les assassinats de militaires désarmés, pour les pillages, pour les profanations de lieux de culte et les cimetières.
    Envoyez vos documents à cjca.bastia@gmail.com à l'attention du service juridique

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